Un bruit. Des pas. Les miens. C'est peut-être stupide. Je suis entrain de compter le nombre de pas que je fais. Il est a peu près six heures du matin, ce qui ici signifie que nous sommes en fin de journée. Une journée qui m'a semblé éternelle ! Alors que justement, j'ai l'éternité devant moi. Quelle ironie...Bref. Fin de journée, j'erre dans les couloirs en direction de ma chambre. Je regarde mon reflet. Je ressemble plus à rien, mon maquillage est à moitié viré, mes vêtements sont tâchés à cause de deux crétins, qui n'ont pas trouvés mieux que me jeter de la nourriture dessus à midi en criant "Oh la fille de la morte !", "la folle qu'à l'Esprit" ou encore "Surpernova magique, fayote !". Bref, tout ça a bien remué le couteau dans la plaie. Ma mère est morte, je le sais, merci. Oui, je possède l'esprit, et si ça se trouve je vais virer dingue. Oui, je possède aussi le Feu et je sais que pour vous ça faire de moi la chouchoute des professeurs. Je les hais ! Tous, autant qu'ils sont ! Si ils savaient ce que sais ! Je leur donnerais bien moi, l'Esprit et le Feu ! Même si il est tard, je vais prendre une douche pour me détendre. Cela fait, je ressort, une serviette autour de mon corps, mes cheveux blonds, bien dorés à cause de l'eau, collés à ma peau. Plus aucun maquillage ne se trouve sur mon visage et quand je me regarde de nouveau dans la glace, je ne vois rien d'autre qu'une fille qui semble trop frêle, presque fragile, blonde aux yeux gris acier, mais qui sont rougis. Pff. J'ai l'air ridicule. Un soupir m'échappe et je me dépêche d'aller m'habiller. Ma soeur ne va tarder à finir ses propres cours et a venir dans la chambre. Je dois être dehors quand elle viendra. Je reviendrais quand elle dormira. J'enfile le plus rapidement possible des sous-vêtements, un jean noir avec trois chaînes sur le côté gauche au niveau de la poche, un t-shirt tout simple blanc avec une grosse tête de mort ricanante sur le devant. Je rajoute à ça, ma paire de rangers chéries et je me dépêche de quitter la chambre. Je remarque que des filles de l'âge de ma soeur, converge vers les dortoirs. Vite, vite. Je dois pas croiser, Hikari, je dois pas la croiser ! Je la voie au détour d'un couloir, alors sans réfléchir j'entre dans la bibliothèque, juste avant qu'elle ne me voit. Ouf, je l'ai échappé belle. J'avance entre les rangées de livres, la grande pièce semble totalement déserte...Alors que je mets presque à courir, pour échapper à quelque chose, j'heurte violemment un autre quelque chose. Je voudrais conitnuer d'avancer, m'échapper, ou plutôt échapper à une chose, dont j'ignore la nature mais quand je lève les yeux et croise des prunelles incandescentes, je reconnais tout de suite à qui j'ai affaire et seul un vague murmure s'échappe de ma bouche.
-Mike...
Mike, c'était bien lui ! Mike ! Mon dieu, j'avais du mal à croire qu'il était là, juste devant moi. Ses cheveux blancs, aux reflets argentés, qui me donnaient envie de passer la main dedans, ses yeux rouges semblables à ceux des Strigoï mais pas maléfique pour deux sous, sa silhouette grande et fine. Oui c'était bien lui.
-Mike ! Mike ! C'est bien toi !
Sans pouvoir me retenir, et presque sans le vouloir, je me blottit contre lui, profitant du fait qu'il ne repousse pas l'étreinte.

Devant l'académie, une voiture, une assez belle voiture, s'arrête. Par la vitre, je regarde les élèves de l'académie qui tournent la tête vers ma Ferrari. C'est amusant, enfin presque. Vu l'heure qu'il est et si je me souviens bien les cours n'en ont plus pour longtemps mais ne sont pas encore terminés, alors qu'attendent tout ses adolescents pour retourner en classe
? Décidé à éviter ces regards à Tokko, je balance une bombe mentale, ou un plutôt j'envoie mes pensées vers l'extérieur.
-En cours, curieux !
Si ma phrase peut sembler peu hostile, je l'ai accompagné d'un ton glacial et d'un sentiment de colère. Cela suffit à faire frémir presque tous les élèves, qui se remettent d'un coup en mouvement. Je souris et baisse les yeux vers la petite fille endormie dans mes bras. Le voyage en avion l'a littéralement épuisée, et je suis content de la voir enfin dormir. Quand la plupart des curieux sont partis, je fais signe aux chauffeur, que nous allons sortir. Il hoche la tête pour me répondre et sors en premier de la voiture. Il va aller ouvrir la portière du côté passager. Alors que je sors de la voiture, serrant toujours dans mes bras ma petite soeur, Tokko, le chauffeur, lui, va récupérer nos deux valises. Ce retour à l'académie me fait tout étrange. Je remarque que certains qui ne sont pas encore partis, nous dévisage. On doit former un drôle de spectacle...Moi, un grand gaillard aux cheveux blancs et aux rouges, vêtu dans un style punk, tenant dans ses bras une petite fille de sept ans, brune aux yeux marrons, actuellement fermés. Elle a de la chance ma petite soeur, elle ressemble beaucoup à notre mère, alors que moi j'ai le côté paternel, Strigoï. Le seul truc chez ma soeur qui fait d'elle un semi vampire maléfique sont ses crocs et ses fines griffes. Comme à son habitude Tokko est vêtue d'une petite robe bleue et d'une chemise trop grande pour elle, une des miennes. Enfin bref, y a des crétins qui nous dévisage. Le pire étant que j'en connais certains. Sa fait qu'un an que je suis parti et le peu d'appréciation que j'avais réussi à obtenir avait complètement disparu. Maintenant, j'étais juste le fils d'un Strigoï, accompagné de la fille du même Strigoï. Ah et j'étais aussi celui qu'avait tué sa mère. Vive la réputation...Tant pis. Soudain Tokko remue dans mes bras. Elle frotte ses yeux avant des les ouvrir et c'est de sa voix enfantine, et encore endormie qu'elle s'adresse à moi.
-Grand-frère...On est arrivés ? On peut aller voir si il y a une bibliothèque s'il te plaît ? J'ai pas pris les livres de maman et je veux une histoire.
Je sais que ce n'est pas un caprice stupide, avant notre mère lui lisait des histoires. Maintenant c'est moi qui le fait. Je lui souris, le plus gentiment que je peux.
-Oui, on est arrivés, ma belle. On va aller voir tout de suite pour la bibliothèque. William, notre chambre est supposé se situer dans l'aile est, dortoir des invités, chambre 9. Amenez les valises là-bas, merci.
Un nouvel hochement de tête de la part du chauffeur, et je pose Tokko au sol. Immédiatement sa main s'agrippe à ma manche. J'attrape aussitôt sa main et elle relâche mon haut. Une nouvelle fois, je lui souris. Et nous avançons dans les couloirs de l'académie, heureusement que je me rappelle un peu des lieux, sinon nous serions perdus. J'emmène donc ma petite soeur à la bibliothèque, vu l'heure assez tardive, il n'y a personne. Au rayon livres pour enfants, elle s'asseoit à une table requérant ma présence près d'elle, en tapotant des doigts sur la chaise d'à côté. Alors que je vais pour la rejoindre, le bruit de la porte qui s'ouvrir, puis celui d'une course m'en empêche.
-Tokko, tu ne bouge pas, d'ici. Je reviens tout de suite.
Et je me dépêche d'atteindre la source du bruit, qui me rentre dedans. What the fuck ?! Je baisse les yeux vers la chose, ou plutôt la personne qui m'a bousculée.
-Mike...
Cette voix, je la connais trop bien. Oksanna ! Mais elle n'est pas censée être à la Cour ? Je la fixe quelques instants. Toujours les mêmes cheveux blonds pâles, les mêmes yeux gris métal, le même style trash, le même maquillage volontairement provocateur. Oui, c'est bien elle.
-Mike ! Mike ! C'est bien toi !
Avant que je puisse lui dire "Naon, c'est le pape", je me retrouve pris au piège de son étreinte. Elle n'est pas dérangeante, elle ne paraît pas forcée et c'est sans doute à cause de ça, que mes bras se referment sur elle. Je la serre quelque secondes, avant de reculer et de me libérer de l'étreinte. Je lui souris.
-Mais c'est ma p'tite rebelle ! Tu vas bien Ivashkov ? T'es pas censé être à la Cour ?
Soudain des bruits de pas, m'interpellent de nouveaux et d'un geste, j'indique à Oksanna de m'attendre quelques secondes. M'avançant entre les étagères pleins de bouquins, je constate que ce n'est que Tokko qui venait dans ma direction. Elle aussi, elle utilise ses sens sur-développés de Strigoï. Aussitôt, je la prends dans mes bras et retourne vers Oksanna, qui elle ne connaît pas ma soeur.
-Oksan' je te présente ma petite soeur Tokko.
La petite fille remue les jambes contre mon ventre, manquant de me filer des coups pieds, comprenant je la pose au sol. Alors, elle s'avance un peu vers Oksanna et s'incline, sa voix enfantine résonnant presque immédiatement dans la pièce.
-Hello ! Je suis Tokko Dashkov et toi ?

J'ai du mal à y croire, Micah Dashkov est bien là devant moi ! Le Micah que j'ai connu à la Cour, qui m'a soutenue ! En bref, c'est mon Mike à moi. Si je lui avouais ça, il en ferait une crise cardiaque ! Quoique, vu que les Strigoï ne sont pas susceptible de ce genre de réaction, lui ne doit pas l'être non plus. J'aimerais tant, qu'il ...Oh. J'y crois pas, c'est vraiment les bras de Mike autour de moi ? Je profite un maximum de cette étreinte, malgré la peau un plus froide que la normale de l'hybride en face de moi, malgré le fait que mon coeur vient d'entamer un tango enflammé et que je suis sûr qu'il entend parfaitement les battements dudit coeur. Malheureusement pour moi, et juste avant que mon coeur s'arrête définitivement de battre, il me lâche et me repousse, oh pas méchamment mais je n'aime pas ça quand même. J'aurais voulu rester blottie dans ses bras pour l'éternité. Son sourire me permet de garder une mine joyeuse, et puis le simple fait qu'il soit ici, à l'académie me ravie. Moi qui ne pensait pas le revoir avant au moins un an ! Je me demande bien ce qu'il fait ici d'ailleurs ? Et si...Non, je ne dois pas penser ça. En fait, j'ai deux hypothèses. Soit il est venu pour moi, ce que j'ose à peine penser, tant ça me paraît impossible. Soit, il est venu retrouver quelqu'un, sa petite-amie ? Oh mon dieu, faites que non ! Je n'y survivrais pas. Stop, stop. Je commence à imaginer des trucs, alors qu'il n'a même pas encore ouvert la bouche ! Vous vous rendez compte, dans quel état il me met ? C'est donc ça être amoureuse ? Mais si, c'est pour devenir complètement paranoïaque, moi je dis non...Oh et puis merde ! Je vais pas me voiler la face, je peux pas dire "non" c'est tout simplement impossible ! Je suis accro. A lui. Et ça me désespère. Et ça me rend folle. Folle, parano mais surtout dingue de lui.
-Mais c'est ma p'tite rebelle ! Tu vas bien Ivashkov ? T'es pas censé être à la Cour ?
J'adore mon surnom, avec lui c'est pas la fille de la morte, la folle à l'Esprit, ou la supernova magique, non avec lui c'est p'tite rebelle. L'entendre m'appeler de nouveau comme ça, manque de me faire chavirer. J'ai l'impression qu'il ne connaît pas vraiment mon prénom, il m'appelle toujours par des surnoms. En même temps Oksanna est un prénom assez long et Mike est un adepte de la secte des "surnommeurs". Avant que je puisse lui répondre, lui expliquer ce que je fous là, il me fait signe de l'attendre. Incapable de réagir, je le regarde s'éloigner. Connaissant ses sens surhumains, je m'inquiète un tout petit peu mais je me raisonne : Il ne peut pas y avoir de Strigoï ici. A part Mike. A peine quelques minutes plus tard, il revient. Je suis légèrement surprise en voyant la petite poupée brune qu'il tient dans ces bras. Elle est juste trop mignonne ! Elle a de grands yeux chocolats, des cheveux marrons coupés courts, des fines griffes, et une peau plus pâle que la normale. Immédiatement, je comprends, même si elle ne ressemble pas à Mike, que c'est sa soeur. Et qu'elle aussi c'est une hybride.
-Oksan' je te présente ma petite soeur Tokko.
Je regarde encore un peu la petite. Celle-ci file des petits coups de pieds à son frère, et celui-ci s'empresse de la poser au sol. Elle n'est pas très grande, et elle doit avoir dans les sept, huit ans. Tokko, qui a très beau prénom, s'avance alors vers moi, avant de s'incliner sur qui colle sur mon visage un sourire attendri. Cette poupée vivante est juste trop mignonne, sa voix mélodieuse mais enfantine me le prouve encore plus.
-Hello ! Je suis Tokko Dashkov et toi ?
Carrément craquante. Respire. Je m'accroupis devant la petite, pour me mettre à sa hauteur. Je tends les bras vers elle, en lui disant :
-Moi c'est Oksanna Ivashkov. Mais tu peux m'appeller Oksa'. Je peux ?Dis-je en bougeant légèrement mes bras.
Après avoir obtenu une réponse de la part de la petite fille, je la pris dans mes bras et immédiatement, je m'arrangeais pour que sa position soit confortable. Puis je levais les yeux vers Mike, manquant de m'évanouir en croisant son regard sanglant.
-Je vais bien et toi Dashkov ? Mon père m'a envoyé à cette académie, après mon année sabbatique à la Cour. Mais c'est plutôt à moi de te poser la question ! Je ne pensais pas te revoir avant un an minimum. Tu ne m'avais pas dit que tu avais une petite soeur aussi mignonne. Cachottier, va.